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Ma vie "relativement" ordinaire
14 février 2021

Mango minou

Cette nuit j'ai rêvé que j'étais entourée de plein de serpents vénimeux. Un serpent venait m'attaquer, il était noir. J'ai réussi à l'attraper, juste à la base de la tête, et j'ai serré fort, très fort, pour l'étrangler. Et tout à coup, c'est la tête de Mango qui est apparu. Ca m'a surpris, mais j'ai continué à serrer, très fort, mais à un moment, le regardant, je l'ai lâché, j'ai abandonné. Il est tombé à terre. Ce n'était plus un serpent. C'était Mango, agonisant. Je l'ai pris pour essayer de le sauver, dans mes bras.

Puis je me retrouvais dans le cabinet d'une psy que je ne connaissais pas, avec Loulou. Je prend mon souffle, et je lui dis, sans savoir pourquoi j'étais là, "j'ai retrouvé mon chat, mort". Puis ils discutent entre eux, d'autres choses, je sors, pour aller aux toilettes, je me promène juste dans le labirynthe des couloirs de l'hôpital, et je retourne dans le bureau de la psy. Avec Loulou. Je me rassois, elle me regarde, ne sachant que dire, je lui dis "j'ai retrouvé mon chat, mort". Et je repars pour aller aux toilettes, mais j'ai des sacs dans les mains, je me retrouve à nouveau dans ce fichu dédale de couloirs de l'hôpital. Puis je retourne dans le bureauc de la psy. Ils sont tous les deux là. Je m'assois. Je dis à nouveau, "j'ai retrouvé mon chat, mort". Silence. Je ne sais plus quoi dire. La séance est finie.

 

J'ai retrouvé Mango, mort, ce mardi 10 février 2021, au bord de la route.

La veille au soir, il n'est pas venu manger. d'ailleurs, je ne l'avais pas vu de la journée. Loulou s'en inquiétait un peu, moi non. Il a dis qu'il était peut-être coincé dans une grance, un garage; j'ai dis "peut-être", mais ça m'importait peu. Je me disais c'est pas grave il reviendra. Il revient toujours. Loulou est sorti, dans la nuit, avec les croquettes pour l'appeler. Il est revenu bredouille. Ca ne m'inquiétait pas. Il m'a demandé d'aller faire le tour du hameau le lendemain, voir les gens, et dans les granges, les garages. J'ai dis un "oui" peu engageant, je me disais qu'il sera sûrement réapparut, ou, au pire, je pourrai toujours lui dire que j'ai cherché mais rien trouvé. Il ne saura pas que j'ai pas cherché.

Le lendemain matin, toujours pas rentré. Chacha (mon fils, 11 mois), n'allait pas à la crèche. Loulou m'a dis que je pourrai demander à sa mère de venir le garder vite fait, le temps que je fasse le tour du hameau. Mouais... J'ai finis par essayer d'appeler belle-maman, ça sonne, puis répondeur. Je me dis, au moins, j'aurais essayé! (chouette!). Mais j'envoi tout de même un texto. J'appelle loulou pour lui dire, genre pieds et poings liés. Flemmarde de merde. Il me donne le numéro de fixe. Merde. Elle répond. Elle vient en tout début d'après-midi. Manteau-bonnet-capuche, ça crachinne sévère dehors. Je lui dis (à ma belle-mère) "sûrement à tout de suite!" en rigolant, avec mon pot de croquettes dans la main.

J'avais appelé Cathy avant, pour "gagner du temps", elle m'a proposé de venir voir quand la mère à loulou arrive. Je vais d'abord voir Gillou et Lulu, des octogénaires adorables. Lulu m'amène dans la grange, pas de Mango. Je vais chez Cathy. On fait le tour, granges, cabanons, abris à bois, hameau. On va voir un peu le long de la route, autour du lac.On l'appelle. Je secoue les croquettes. On commence à être mouillées. Elle rentre. Je décide de chercher encore un peu. Je me dis que je vais aller au lieu-dit d'à côté, mais je ne sais pas pourquoi je prend à gauche, à l'opposé. Je marche au bord de la route, je regarde le long du ravin, avec un peu d'appréhension mais sans trop y croire. Ca n'arrive qu'aux autres, pas à nous. Je marche. A un moment, mon regard se porte sur une boule noire, au loin. Je m'approche, je me dis que ce n'est pas lui, mais je continue à avancer. Arrivée au dessus, je vois une grosse boule de poils noire, recroquevillée sur elle-même. Je ne vois pas la tête. Une partie des poils est mal mise. Ils sont tout mouillés, tout collés. Je me demande si "ça" a été décapité, je ne vois pas la tête. Je me dis, non, non, ce n'est pas Mango. Mais je veux être sûre. Mais je ne peux pas voir la tête je ne sais pas dans quel état elle est, s'il y en a une.

J'appelle Cathy, je lui explique, elle me dis "je mets mes bottes et j'arrive". J'attends. Je tourne le dos à la boule de poils noire. Je n'ai plus besoin de la regarder, Cathy va arriver. J'attends, sous la pluie, au bord de la route, avec ces putains de voitures qui passent. Un coup de nicotine. J'attends. Un deuxième coup de nicotine. Cathy arrive. Avec une fourche. Je ne comprend pas, qu'est-ce qu'elle fait avec ça? Elle est là, avec ses bottes, sa fourche. Je lui montre. Je lui dis que je ne veux pas regarder la tête, je sais pas comment elle est. Avec sa fourche, elle essaie de lever la bête. Cette boule de poils. Rigide. Un bloc de pierre. Elle confirme. C'est un chat. Elle me dis "regarde pas, avance, marche devant, regarde pas". Les larmes montent. Elle arrive tant bien que mal à le mettre sur la fourche. Un roc. Elle me dit, vu la rigidité, il est mort depuis un moment. Je marche devant. On arrive au panneau Stop, à l'entrée du hameau. Elle le pose. Je lui demande de regarder sa tête. Voire "l'état". Elle me dit, "elle est un peu écrasée, mais ça va, ya juste du sang qui sort des oreilles, il a dû mourir sur le coup". Je dois la voir. Je lui dis qu'il à un collier, un collier anti-puce, que je lui ai mis il y a deux jours. Elle le tourne un peu avec sa fourche. Pas besoin de voir la tête, je vois le collier. Je m'effondre. Des sanglots, des cris, de pleurs et gémissements, pas Mango minou. Cathy me dit vient, je vais le mettre dans un sac, on va à la maison. J'avance, je marche vers sa maison, je pleure, je pleure, je m'assois dans sa cuisine, je pleure, et je pleure. Dans sa cuisine. elle me propose à boire. Une bière. J'en veux dix. Elle ressort. Puis revient après ce qui me paraît être une éternité, j'avais presque oublié qu'elle était sortie, j'avais presque oublié pourquoi elle était sortie. C'était pour mettre Mango minou dans un sac poubelle. Mais ce n'est qu'après que ça m'est revenu, quand je l'ai vu plus tard. J'appelle loulou, en larmes, je lui dis "je l'ai retrouvé", il comprend. Il appelle sa mère, pour lui dire que je ne rentrerai pas de suite, qu'elle va devoir s'occuper de chacha cet après-midi. Je reste prostrée, chez Cathy, je ne veux plus partir. Mes larmes se tarissent peu à peu. On papote avec Cathy, tout l'après-midi. Je bois 3 bières, il est 16h30. Je me dis qu'il faut que j'y aille.

Je vois le sac poubelle dehors, retour à la brusque réalité. Je veux le voir, pour lui dire au revoir. Et c'est là, que j'ai vrillé.

On a doucement ouvert le sac poubelle, sous la pluie. Je vois sa tête, toute petite tête, un peu écrasée sur le dessus, son oreille gauche, avec du sang qui sort un peu. Je pose le bout de mes doigts sur le dessus de sa tête, j'ai senti les os de son crâne brisés. Je lui fais de douces caresses, du bout des doigts, pour ne pas lui faire mal sur la tête. Je ne veux pas plus le casser. Ses poils sont mouillés, aplatis. Je lui dis "oh Mango minou". Je pleure. Je continue à le caresser, sur la tête, puis des petites gratouilles derrière l'oreille, je m'attend presque à ce qu'il la lève de côté de plaisir. Je me décale un peu,pour voir son visage en entier. C'est bien lui, c'est bien mon Mango minou. Son oeil gauche, celui que je voyais, est fermé. Mais le droit, là, il est ouvert, bleu, vitreux, opaque. Il n'a pas les yeux bleus Mango. J'essai de le lui fermer en baissant la paupière, non, ça ne marche pas. En remontant la peau sous l'oeil, ça marche mieux. Il se ferme un instant, pour se rouvrir aussitôt. Alors je recommence, je persiste, mais rien à faire, il ne veut pas fermer son oeil. Je pleure. Je le caresse, je lui fais ses gratouilles préférées, sous le menton, derrrières les oreilles.

Il est tout mouillé, il doit avoir froid. J'ouvre un peu plus le sac poubelle, pour dévoiler le côté gauche de son corps. Je lui caresse le ventre, le dos, ses poils sont tout mouillés. Il doit avoir froid. Je lui parle. Je lui dis que je sais qu'il n'aime pas l'eau, qu'il doit avoir froid. Enfin, je ne dis pas, je gémis, je marmonne, parce que je pleure, et c'est pas facile de parler en pleurant. Et je continu à le caresser, la tête, le ventre, sous le menton. J'ai plein de sang sur les mains, le sang qui vient de ses oreilles. Pourquoi j'ai son sang sur les mains? Les morts ne saignent plus! Est-il vraiment mort? Oui. C'est la pluie. Elle met son sang sur mes doigts. Il pleut, il est mouillé, il doit avoir froid.

Cathy, apparemment est toujours derrière moi, et doit m'entendre. Elle me dit, vient, on va aller dans la grange, on va le poser sur le tonneau, comme ça il ne sera plus sous la pluie. Je le prend dans mes bras, délicatement, je ne veux pas lui faire mal. Un roc. J'ai l'impression de porter un plat à tarte, qu'il ne faut surtout pas renverser. Dans la grange, on le pose sur un tonneau. Je le découvre un peu plus, maintenant qu'on n'est plus sous la pluie. Je me permet d'ouvrir un peu plus le sac poubelle.Il est tout mouillé, il doit avoir froid, j'essai de l'essuyer un peu, mais mes mains sont trempées, et pleines de sang, ça marche pas. Apparemment Cathy est toujours là, elle me donne un chiffon, qui sors de je ne sais où. Alors je commence ma tâche, je l'essuis, du mieux que je peux, mais le petit chiffon est vite mouillé, plein de sang, il faudrait une grande serviette. Mango minou n'aime pas être mouillé.

Pauvre Mango, il doit avoir froid. Cathy arrive avec un vieux t-shirt à elle. En fait, pendant tout ce temps elle est là, elle m'écoute, elle ne dis rien, respecte ce moment, ne me prend même pas pour une folle. Elle me donne le t-shirt, pour qu'on puisse mettre Mango dedans, pour le réchauffer. Elle m'aide à lui enfiler le t-shirt, on fait sortir sa tête de l'encolure, on enlève le sac poubelle pour pouvoir l'emmitoufler dans le t-shirt, jusqu'au bout de sa queue, de ses pattes. Voilà qui est déjà un peu mieux.

Elle me propose d'aller chercher un endroit sur son terrain où l'enterrer, car il est grand, son terrain. On cherche un arbre. Il y en a pleins des arbres. Je regarde minou, je regarde les arbres, c'est un moment important, ça doit lui plaire. Alors je choisi de l'enterrer sous le noyer, qui donne face à la maison. Loulou m'appelle. J'ai Mango dans les bras, je lui dis qu'on cherche un arbre, j'arrive pas à tenir le téléphone, mes mains glissent, j'ai peur de lâcher Mango. Il me dit qu'il arrive. Je m'assois auprès du noyer, avec Mango dans les bras posés sur les genoux. Cathy commence déjà à s'afférer à la tâche. Il pleut toujours, je veux pas qu'il soit plus mouillé, je le sert fort, pour essayer de le réchauffer. Cathy, je la vois à peine, j'essai à nouveau de fermer l'oeil de Mango. Loulou arrive. Je lui dis que Mango à froid. Je pleure. Je crois que loulou me fait un bisou sur la tête. Mais il se met à creuser avec Cathy. Il a acheté de la chaux. Ils en discutent avec Cathy, je les entends à peine. Moi je parle à minou, j'essai de le réchauffer, en le serrant fort dans mes bras, j'essai de lui dire au revoir.

Ils ont fini de creuser le trou. Déjà? C'est passé à toute vitesse! Il est profond. J'essai à nouveau de fermer son oeil, je ne veux pas qu'il ait de la terre dedans. Je n'y arrive pas, je panique. Dernières gratouilles, derniers je t'aime Mango minou, et je passe le t-shirt sur sa petite tête, je vérifie que rien ne dépasse, pour qu'il soit bien protégé. Je me relève avec minou dans les bras. Le trou est vraiment profond. Je n'arrive pas à le mettre toute seule, loulou m'aide. Un dernier au revoir et je me retourne. Je ne veux pas voir la terre lui tomber dessus. Une fois finis, Cathy me dit qu'on pourra planter des fleurs sur sa tombe, on se met d'accord sur des primevères, c'est increvable.

Je n'ai plus qu'à les planter. Au revoir mon Mango minou.

 

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