Qu'il est tentant...
Qu'il est tentant de ne pas se laisser irrésisitiblement sombrer dans cet espace sombre. Le lâcher prise, la descente, douce et infernale, paradoxale, de la paix et la souffrance. Ce lâcher prise avec la vie. Cette incapacité à supporter la conscience de la vie, cette apathie, cette absence totale du fonctionnement cérébral autre que celui de se dire, je veux dormir, je veux dormir, je veux dormir, pour ne plus avoir conscience de la vie. Et se réveiller un matin, qui sait, en allant bien.
Qu'il est tentant de lâcher toute responsabilité, obligation, non pas par paresse, mais par une incapacité totale de contrôler, de prendre le dessus, sur notre corp et notre esprit. N'être qu'un pantin, se laissant diriger par un corps emprisonné par son cerveau.
Qu'il est tentant de ne plus avoir conscience de ce qui se passe de la vie. De ne pas avoir d'obligation, d'obligation de manger, de se lever, de parler, de se sentir vivre et d'avoir à se supporter.
Qu'il est tentant de s'enfermer dans ce cocon, cette prison, qu'est l'esprit, contrôlant le corps. De ressentir la paix de cette souffrance.
Qu'il est tentant de se laisser aller à la dépression.